Le ciste labdanum est une plante précieuse pour l’industrie de la parfumerie. Il est particulièrement apprécié pour son parfum riche et résineux.
Le mot « ciste » provient du grec « kisté » qui signifie « capsule » en raison de la forme de ses fruits. Plante pyrophyte et envahissante : elle bénéficie du feu pour se multiplier en colonisant les zones laissées vierges par son passage. La chaleur laissée par le feu induit la germination des graines.
Dans l’Antiquité, les Égyptiens utilisaient le labdanum pour embaumer les morts. Les Grecs et les Romains l’incorporaient dans leurs rituels religieux et médicinaux. Selon la légende, les bergers de Crète récoltaient le labdanum qui s’accrochait à la fourrure de leurs chèvres lorsqu’elles broutaient les rameaux de ciste, contribuant ainsi à l’origine mythique de cette précieuse résine. Au Moyen Âge, le Ciste était réputé pour ses propriétés curatives et utilisé pour traiter diverses infections de la peau et des voies respiratoires. En parfumerie, le Ciste est prisé pour ses notes ambrées, résineuses et légèrement animales. Il apporte profondeur et chaleur aux compositions olfactives.
Le Ciste dans les Parfums
Le Ciste Labdanum est également connu sous le nom de Cistus Ladaniferus L., ou plus poétiquement « le chirurgien de l’âme » ou « le ciste à gomme ». C’est un arbuste caractéristique des garrigues méditerranéennes. Il se distingue par ses fleurs blanches et sa taille pouvant atteindre entre 1 et 2 mètres de hauteur.
Cet arbuste affectionne particulièrement le climat chaud et sec, que l’on trouve en Crète, à Chypre, en France (notamment en Corse, dans l’Estérel et le pays de Grasse), en Espagne et au Maroc. Le Ciste possède de longues feuilles lancéolées et des fleurs délicates, d’un blanc immaculé, souvent ornées de fines nervures mauves au centre et d’un cœur jaune.
Ses branches sont visqueuses et collantes, recouvertes d’une résine parfumée, qui constitue l’une de ses caractéristiques les plus distinctives.
Les Matières Premières issues du Ciste
Sa floraison a lieu d’avril à juin, avec une récolte des rameaux de juin à octobre, favorisée par la chaleur et une humidité modérée. Les rameaux sont les parties du Ciste utilisées pour obtenir des matières premières odorantes. Cependant, le rendement peut réduire considérablement si les conditions sont trop sèches.
Plusieurs matières premières sont issues du Ciste Labdanum. Leur nature dépend de la technique d’extraction utilisée.
L’huile essentielle de ciste s’obtient par distillation à la vapeur d’eau sous pression des rameaux de ciste. Pour avoir 1 kilogramme d’HE de ciste, il est nécessaire de distiller environ 1 600 kilogrammes de rameaux.
L’extraction aux solvants volatiles des rameaux de ciste permet de produire la concrète de ciste. Cette concrète peut ensuite être transformée en absolue de ciste par extraction à l’éthanol ou en l’absolue SEV de ciste par distillation à la vapeur d’eau. Pour obtenir 1 kilogramme d’absolue, 30 kilogrammes de rameaux de ciste sont nécessaires, contre 116 kilogrammes pour 1 kilogramme d’absolue SEV de ciste.
Les rameaux de ciste sont également utilisés pour produire la gomme labdanum. Ils sont macérés dans un mélange d’eau et de carbonate de sodium, puis traités à l’acide sulfurique.
L’extraction à l’éthanol de cette gomme donne le résinoïde de labdanum tandis que l’extraction au solvant volatil permet d’obtenir la concrète de labdanum. Cette concrète peut être transformée en absolue claire de labdanum en réalisant une extraction à l’éthanol.
Le Ciste, du Point de Vue de la Parfumeure
Le Ciste labdanum est une matière première essentielle avec ses notes profondes, chaudes et ambrées. Son utilisation varie selon le produit extrait, allant de l’huile essentielle aux absolues et résinoïdes. Chacune des matières premières apporte des nuances différentes et précieuses aux compositions olfactives.
L’huile essentielle de ciste présente en tête des notes terpéniques, d’essence d’orange, d’aldéhyde, de zeste et de caryophyllène, évoluant vers un fond très encens.
L’absolue de ciste se distingue par une tête très légère et miellée, avec un fond qui reste miellé et ambré.
L’absolue SEV de ciste, dégage des notes de tête d’encens, chaudes, riches et ambrées, avec des touches cuirées et boisées sèches. Son fond est puissant, animal, cuiré, résineux avec des nuances de styrax et d’encens.
Le résinoïde de labdanum offre en tête des nuances légères de bois de cèdre et de sec, avec un fond ambré labdanum, légèrement animal et cuiré.
Enfin, l’absolue claire de labdanum combine des notes de tête résineuses, d’encens et miellées, se transformant en un fond ambré, doux, presque vanillé, avec une persistance d’encens.
Dans les parfums, le Ciste se retrouve dans les accords ambrés accompagné de vanille et de baumes (pérou, benjoin…) et dans les accords chyprés avec de la bergamote, de la lavande, du patchouli et de la mousse de chêne.
Quelques Parfums autour du Ciste
- Mitsouko – Guerlain – 1919
- Eau de Hongrie – Fragonard – 1979
- Mystra – Aesop – 2006
- Labdanum 18 – Le Labo – 2006
- Ambre – Solinotes – 2010
- Bleu – Chanel – 2010
- L’Ambre des Merveilles – Hermès – 2012
- Click Song – Une Nuit Nomade – 2022
Anecdote :
Le Ciste Ladanifere – un secret grassois – du pantalon au parfum (résumé à partir du livre de Maurice Brunetti Parfums d’histoire).C’est en 1912, qu’un natif de Grasse en 1912, inspecteur des « Eaux et forêts ayant pour secteur l’Esterel qu’il connaissait comme sa poche, rentre chez lui tous les soirs de Septembre avec une sorte de résine collée à ses bas de pantalons. Son épouse rouspète, cette odeur est forte et elle n’arrive pas à retirer les résidus ni à récupérer le pantalon. Elle allait même à imaginer quelques coucheries dans les taillis. Ce qui ne plaisait guère à son marin fidèle qui se fâchait et ils se boudaient pour le reste de la soirée. Tout ça pour une plante qu’il nommait « l’apégueuse » ou encore « l’accrocheuse ». Lui-même n’aimait guère cette odeur qu’il ne supportait plus à la fin. Afin d’en savoir plus il décida d’aller voir son gendre qui était PDG des établissements Lautier sur Grasse. Ce dernier trouva un vif intérêt dans cette plante et lui demanda de garder le secret. Afin que rien ne s’ébruite sur Grasse et après avoir lui-même fait d’abord une distillation à la vapeur sur quelques morceaux de plantes, et une extraction aux solvants volatiles sur les autres, il fit analyser ses résultats par un laboratoire Londonien. La réponse tomba, il s’agissait du Ciste Labdanifère.
La cueillette se ferait donc en famille sous le secret, et les sacs de ciste débitée arriverait étiquetés sous le nom de Labdanum de Beyrouth. Très vite, le nom de Labdanum de Beyrouth comme étant un fixateur extraordinaire de parfum se rependit sur Grasse chez les concurrents, et nombres de visiteurs et touristes arrivèrent au Liban en quête de cette plante miraculeuse. Sauf que… il n’y avait rien à Beyrouth !
La grande guerre pointait le bout de son nez et un courtier en parfumerie fut mobilisé dans l’Estérel pour y patrouiller en tant que Gendarme. Il y reconnu l’odeur de ciste labdanum en se frottant aux arbustes et compris qu’un certain personnage avait doublé toute la profession. Il s’empressa de faire les extractions et mis sur le marché l’essence de ciste et l’absolue que nous connaissons. »
Vous avez aimé cet article ?
Partagez le sur :